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samedi 28 mai 2011

Bavures policières : le témoignage de Maurice Rajsfus

Au procès de La Rumeur, le 3 juin 2008 à Versailles, Maurice Rajsfus, président de l’Observatoire des Libertés Publiques est venu témoigner sur les violences policières.
Le 23 mai dernier, un gitan a reçu plusieurs balles dans le dos par un policier et encore la semaine dernière à St Denis, il y’a eu une fusillade. Il existe une invariance dans le comportement de certains policiers.
Entre 1977 et 2001, il y’a eu environ 196 morts par les faits de policiers, recensés par la presse ; en majorité il s’agissait de mineurs, d’origine maghrébine, des garçons, tués d’une balle dans le dos.
De 2002 à nos jours il y’a eu 80 morts. Cela fait 13 à 15 morts par an. La seule chose que l’on n’apprend pas dans les écoles de police, c’est comment ne pas se servir de son arme.
En 1981, il y’a eu des circulaires dans les commissariats pour éviter les violences policières, et d’autres ont suivi, mais elles n’ont pas eu d’effet.
On a le sentiment que dans le regard des policiers il y a face à eux une population rebelle, suspecte, en particulier quand ils n’ont pas la couleur de la peau bien blanche.
Le policier a le regard très incisif quand il a affaire à une minorité persécutée ou suspectée.
Les bavures policières ne sont pas une volonté de la hiérarchie, on ne sait jamais quand ni qui va sortir son arme.
Quand un policier sort son arme et tire dans le dos, il n’y a pas légitime défense. 
J’ai l’impression que les journaux répertorient moins les morts dus aux faits de la police que les agences de presse, qui le font de manière plus systématique. 
Il ne suffit pas de sortir son arme pour tuer. Récemment un jeune homme a sauté d’un pont et est mort noyé en voulant éviter la police, un autre est mort en se défenestrant d’un commissariat ; en 2005, deux jeunes sont morts électrocutés en voulant éviter la police. 
Il s’agit de bavure par destination. Parfois, en entendant « Ouvrez ! Police ! » des gens se suicident, tellement ils sont terrorisés.
Le 16 juillet 1942 a eu lieu la rafle du Vel d’hiv’ ; ce matin là, des policiers ont pratiquement enfoncé la porte de l’appartement où je vivais avec ma famille, pour tous nous embarquer.
Soixante ans après, il y’a toujours dans le regard du policier la volonté de considérer celui qu’il vient arrêter comme un criminel. C’est le cas avec les sans papiers.
Mon père et ma mère sont arrivé-e-s clandestin-e-s, et au final, ils/elles auront donné un écrivain et une institutrice à la France.
Il faut que les policiers cessent de considérer le reste de la population comme suspecte.
Depuis octobre 1981 la peine de mort est abolie en France. On a toujours pas appris aux policiers à tirer dans les jambes ou dans les pneus.
Concernant le traitement judiciaire des « bavures », le policier n’est pas un justiciable comme les autres, il est assermenté et sera toujours moins condamné
Dans la police on a le sentiment que les policiers sont très souvent les victimes. Mais les policiers sont armés. Il y’a très peu de policiers tués dans l’exercice de leur fonction. Leur nombre n’a rien à voir avec celui des personnes qui meurent du fait des interventions policières. »
« Pour la police, il n’y a pas de victimes. Rien que des suspects coupables d’incivisme ou de rébellion.
Face à la police, on ne trouve que des “individus” troublant l’ordre public, et qu’il convient de remettre à la raison.
Le policier ne peut avoir tort : il représente la loi.
Lui répondre peut justifier un passage à tabac, lui résister risque de correspondre à un arrêt de mort.

Le policier ignore que la peine de mort a été abolie en octobre 1981. »

CONTRE LES VIOLENCES POLICIÈRES
ET L'IMPUNITÉ ACCORDÉE AUX POLICIERS AUTEURS DE CRIMES.

FACE À LA MULTIPLICATION DES PERSONNES TUÉES OU BLESSÉES,
DES VICTIMES SANS ARME, MAINS ET PIEDS ATTACHÉES,
IMMOBILISÉES ET VULNÉRABLES.

POUR LA MÉMOIRE DES VICTIMES DÉFUNTES,
À TOUTES LES VICTIMES DE LA POLICE ET DE LA JUSTICE.

2007 : 19 morts, 2008 : 11 morts, 2009 : 10 morts, 2010 : 10 morts, 2011 : 2 morts
NON AU PERMIS DE TORTURER !!!
NON AU PERMIS DE TUER !!!

Pour mettre fin à l'isolement, plusieurs familles ayant perdu un parent pendant un contrôle de police se sont unies en un collectif nommé « Vies Volées ».
Ces familles victimes des violences policières appellent toutes les victimes à s'unir pour lancer un appel à toute la population, aux associations ou organisations pour exiger « Vérité et Justice ».
Indignées par l'injustice, ces familles dénoncent l'impunité accordée aux policiers et aux gendarmes qui se sont rendus coupables de crimes.
Ces familles luttent contre l'oubli, pour réhabiliter la Mémoire des victimes en rétablissant la Vérité et pour que la population du pays prenne conscience qu'elle doit agir dans son ensemble afin que plus personne ne meure dans les commissariats ou dans les fourgons de police ou dans les prisons.

LA PEINE DE MORT EST ABOLIE DEPUIS 1981 !

Ne laissons plus fonctionner ce système corrompu qui pour nombre de personnes tuées par les forces de l’ordre = lenteur judiciaire, refus d'enquête, refus d'entendre les témoins, falsification ou disparition des pièces à conviction, victimes CALOMNIÉES, soutien public aux auteurs.

PARCE QUE CE SYSTÈME VEUT NOUS HABITUER AUX CRIMES D'ÉTAT COMMIS PAR DES POLICIERS OU DES GENDARMES.

Au quotidien, contrôle au faciès, discrimination, harcèlement, humiliations, violences gratuites, mise en danger de la vie d'autrui, non assistance à personne en danger, ignorance de notre droit à la présomption d'innocence, arrestations arbitraires, comparutions immédiates et jugements expéditifs lorsqu’il s’agit de nous condamner.
Pour que l'opinion publique sache que ces abus de pouvoir, qui conduisent à la mort de plusieurs personnes par an, ne sont pas des « faits divers » locaux mais un phénomène de société passé sous silence depuis des décennies.

Le travail de rassemblements des différents crimes d'État met en évidence UNE MÉCANIQUE QUI S'EXÉCUTE EN TROIS TEMPS :
  1. Il y a le flic qui tue, le plus souvent un maghrébin ou un noir, le plus souvent jeune, et le plus souvent habitant d'un quartier populaire ;
  2. 2. il y a les médias qui portent la version policière et des représentant(e)s de l'État, où la victime devient le /la coupable : « la police a fait son travail... » ;
  3. il y a la justice qui prononce un NON-LIEU ou fait traîner l'affaire, pour finalement, le plus souvent innocenter l'assassin.

La police est formée pour appréhender les personnes sans les tuer, alors :
NUL NE DOIT PERDRE LA VIE DE LA MAIN D'UN POLICIER OU D'UN GENDARME.
PORTER UN UNIFORME NE CONFÈRE PAS LE DROIT DE TORTURER, DE TUER ET DE RÉCIDIVER EN TOUTE IMPUNITÉ.

Ces Vies Volées résultent de la GUERRE que mène la police contre une catégorie de la population que les politiques et les médias stigmatisent.
Halte à la justification, à la banalisation, à l’impunité pour les crimes et délits commis par des policiers ou gendarmes.

LORSQUE LA POLICE NE PROTÉGE PAS.
MAIS QU’ELLE DISCRIMINE, HUMILIE ET TUE.
QUI NOUS PROTÉGE DE LA POLICE ?

PISTOLETS, TASER, FLASH-BALLS, MATRAQUES, GAZ LACRYMOGÈNE, ETC.
QUI CRÉE CET ÉTAT EN GUERRE CONTRE SA PROPRE POPULATION ?

NE RESTONS PLUS MUETS face aux interpellations arbitraires, multiplions les témoignages publics, défendons ce qui reste de droits humains face à ces ABUS DE POUVOIR MEURTRIERS.

ENSEMBLE FACE À L'INJUSTICE ET À L'IMPUNITÉ,
SOYONS SOLIDAIRES POUR IMPOSER VÉRITÉ ET JUSTICE
POUR TOUTES LES VICTIMES DE LA BRUTALITÉ POLICIÈRE.

Il n’y a pas de sous-homme.